Trente orientations pour l’éducation vue par un Enseignant Drômois

  • 1ère, 2ème, 13ème, 16ème orientations – « Un contrat de progrès entre l’école et la nation » est une orientation fondamentale qui empêcherait la fuite en avant vers des programmes de plus en plus encyclopédiques au lycée. « compréhension de l’écrit, le calcul, les connaissances scientifiques et la lutte contre les disparités sociales, mettre fin à la réformite ». Effectivement, depuis cinq ans, « la réformite », a alourdi les programmes tout en réduisant les horaires disciplinaires et augmenter les effectifs des classes. Il faut revenir aux « fondamentaux », aucun élève ne doit entrer au collège sans qu’il soit garanti qu’il maîtrise la lecture et l’écriture.

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  • 3ème et 11ème 17ème orientations – « Les enseignants ne doivent pas être les seuls en charge de l’apprentissage des codes de comportements sociaux, le premier espace d’éducation c’est la famille ». Accueillir davantage les parents dans les établissements pour les informer sur les attentes de « l’école » vis à vis de leurs enfants et sur leur propres responsabilités est une bonne proposition. L’objectif premier de « l’école » doit être « d’instruire », « éduquer » vient en second, c’est aussi à la charge des parents.

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  • 4ème et 8ème orientations – « il faut restaurer la confiance de la nation dans ses enseignants », « surcharge administrative ». Un rappel. Pour les professeurs certifiés, la définition du temps de travail, c’est 18 h (plus les heures supplémentaires) devant les élèves (6 classes pour ma part, 200 élèves) avec les heures de préparation des cours et de corrections (la correction des copies d’une classe de lycée à 35 élèves, c’est 4 heures). Depuis cinq ans, la politique « réformite » de Sarkozy a ajouté  des heures de réunions (conseil pédagogique) et alourdi les obligation des professeurs principaux ( accompagnement personnalisé, réunion de préparation de l’orientation, rencontre individuelle avec les parents, concertation active, remise des bulletins trimestriels, inscriptions post-bac, accompagnement lors des activités périscolaires, stage de formation ). Concernant la présence des enseignants dans les établissements, il est important de noter que peu d’établissement sont conçus pour permettre aux enseignants de rester dans leurs murs (absence de « bureaux » et de matériel informatique performant).

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  • 5ème et 6ème orientations – « concours de recrutements nationaux ». A maintenir, c’est évident mais il faut aussi maintenir l’année de stage. Voici quelques années, l’année de stage d’une jeune certifié dans un établissement avec l’aide d’un tuteur-conseiller pédagogique se faisait à la satisfaction de tous. Ce stage a été supprimé voici deux ans. 7ème orientation. « la notation pédagogique des enseignants ». L’actuel système de notation permet d’équilibrer l’évaluation de l’enseignant entre ses compétences disciplinaires (corps d’inspection), pédagogique et d’engagement dans la vie de l’établissement (chef d’établissement).

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  • 14ème orientation – « pour prévenir ces échecs, il faut penser le nombre d’élèves par classe en fonction, non pas de normes, mais de la réalité de la classe. À classe difficile petit nombre d’élèves, à classe équilibrée et de bon niveau, plus grand nombre d’élèves ». « Le grand nombre d’élèves » : expression inquiétante ! Attention ! En lycée, l’effectif des classes résulte aussi des consignes officielles qui imposent de conserver tous les élèves jusqu’au bac alors que certains auraient du être orientés dès la troisième vers l’enseignement professionnel dont le développement doit être une priorité (21ème, 22ème et 23ème orientations) : l’année dernière 150 000 élèves sont sortis du secondaire sans diplôme.

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  • 18ème orientation – « les rythmes scolaires doivent être reconstruits ». Pour alléger la semaine de cours, il faut alléger les programmes en revenant aux connaissances fondamentales et réfléchir sur une nouvelle organisation de l’année scolaire (vacances, cours de l’après-midi).

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  • 20ème orientation – « donner aux chefs d’établissement des possibilités nouvelles ». Contrairement aux annonces du gouvernement, sur « l’autonomie des établissements », c’est le contraire qui se passe, les chefs d’établissement doivent recevoir l’aval du rectorat pour mettre en place de nouvelles pédagogies.

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  • 25èmeet 26ème orientations. Concernant le baccalauréat, il faut rappeler la lourdeur et le coût de son organisation, pour quelle finalité ? Il faut instiller du contrôle continu (les moyennes de terminales) pour responsabiliser les élèves. Quant à l’orientation, elle est déjà suffisante dans le cadre des établissements mais il faut aussi sensibiliser davantage les parents pour qu’ils accompagnent leurs enfants dans la recherche d’information et la réflexion (d’où l’accueil des parents dans les établissements).

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  • 28ème orientation – « grand plan Santé ». Attention à ne pas ajouter encore des heures dans la semaine surchargée des élèves. Là aussi, il faut sensibiliser les parents sur les problèmes d’addiction, ce n’est pas à l’Education nationale (c’est dire aux enseignants) de traiter les problèmes d’addiction qui se posent dans le cadre familial.

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  • 30ème orientation – « Ouvrir les établissements scolaires en dehors des heures de cours à la demande d’éducation de la société ». Proposition sensible : attention ! D’abord quelles « demandes de la société » pour quelles formations ? Cette école du soir sera-t-elle validée par des diplômes ou s’inscrit simplement dans l’acquisition de culture générale ? Qui assurera les formations ou ces enseignements du soir ? L’ouverture d’un établissement nécessite du personnel, des frais (éclairage, chauffage) ! Ces frais seront-ils à la charge de l’établissement ?
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    Laurent Jacquot, enseignant au Lycée du Dauphiné à Romans

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